Slaloms dans la baie de Tokyo !

Comme prévu, le vent nous fait défaut pendant toute la traversée vers Tokyo. La pluie est quant à elle bien présente, ce qui a au moins l’avantage d’aplanir rapidement la mer levée par les derniers jours de grand vent. Nous ressortons donc les vestes de quart, voire masque de plongée sous les plus grosses averses ! Plus ennuyant, la pluie a raison du pilote automatique, et nous sommes obligés de nous relayer à la barre dès le samedi après-midi. Notre équipière supplémentaire n’en est que plus appréciable, merci encore Toshiko !

Notre route traverse le « Kouroshio », courant fort qui remonte le long des côtes japonaises. Les îles de la zone viennent perturber son flux, et nous nous retrouvons tantôt portés, tantôt ralentis, avec des pointes de sous-vitesses à 2 nœuds. Cela nous oblige à avancer avec les deux moteurs pour ne pas être trop déportés et maintenir notre objectif d’arriver à Tokyo de jour.

Les premières 20 heures, la traversée est relativement calme. Mais en fin de nuit, l’ordinateur connecté à notre récepteur AIS se met à sonner frénétiquement, alors que pas moins de 10 cargos apparaissent à l’écran. Nous voilà bien à l’entrée d’une baie au trafic maritime intense, et le reste de la journée se passera en tandem, l’un à la barre, l’autre les yeux rivés sur l’écran pour éviter les différentes routes de collision.

L’opération la plus délicate consiste dans un premier temps à traverser le flux des cargos se présentant devant la baie au lever du jour, afin de pouvoir naviguer ensuite entre la côte et le canal réservé au gros navires. Le courant sortant de la baie nous oblige toujours à utiliser les deux moteurs pour maintenir une vitesse correcte. Au bout de quelques heures, nous réalisons que l’estimatif de consommation fait par le skipper n’avait pas pris en compte ce paramètre, et nous nous déroutons vers une marina pour y rajouter quelques litres de diesel. L’heure tourne, mais nous maintenons notre objectif d’atteindre la marina de Yumenoshima, tout au fond de la baie. Après encore de longues heures à avancer poussivement entre les pétroliers à l’ancre et les remorqueurs qui s’activent dans toute la baie, nous y arrivons à la tombée de la nuit !

Sur le ponton visiteur, l’employé de la marina nous indique où nous amarrer avec un bâton lumineux, on se croirait un avion de ligne se posant dans un aéroport ! Nihei-san, un ami voileux de Toshiko, est également là pour attraper nos amarres. 10 minutes plus tard, le champagne est sabré dans la cockpit, nous y sommes arrivés !