Pohnpei – Namonuito : Constance recueille un naufragé !

Nous quittons Pohnpei le mercredi 28 Mai, direction Namonuito à 480 miles à l’ouest. La traversée commence comme la précédente, le temps est aussi calme, voire plus. Le moteur tourne presque non stop les 4 premiers jours. A bord, on ne s’entend plus, cela nous fatigue et pèse sur le moral. A l’approche des grains on hisse les voiles pour profiter du peu de vent qu’ils amènent. Cela ne dure qu’une vingtaine de minutes après lesquelles nous rangeons la voilure, le vent étant retombé. Les lignes de pêche ne ramènent aucune prise (2 de nos leurres ont cassé) et nous ne croisons personne sur notre route. Les journées sont longues, il nous tarde d’arriver à notre prochaine escale, l’atoll de Namonuito… Mais cette traversée nous réserve quand même une surprise de taille…

Le dimanche 31 Mai en début d’après-midi, nous sommes à moins de 80 miles de notre destination, sous un grand ciel bleu parsemé de quelques grains. C’est alors qu’Augustin est interrompu dans sa sieste, Carine vient d’entendre à la radio un message de détresse donnant une position à seulement quelques miles de notre trajectoire. Un bruit de moteur nous survole, c’est un avion de l’armée américaine avec qui nous rentrons en contact via la VHF. L’équipage du « US Navy P3 » nous informe qu’ils ont repéré un naufragé à la dérive sur une barque de pêche à moteur. Nous modifions notre route et nous dirigeons vers la position signalée, alors que l’avion fait des ronds au-dessus du naufragé. Une petite heure plus tard nous accostons la barque et réceptionnons le naufragé !

Il s’appelle Chachumani (orthographe non garantie), il a 16 ans et cela fait 6 jours qu’il dérive depuis l’atoll de Nomwin, à une trentaine de milles ! Du moins, c’est le peu que nous croyons comprendre, notre hôte ne parlant que quelques mots d’anglais (et nous pas le moindre mot de « Chuuk » !) En tout cas, même s’il semble bien portant et peu déshydraté (les nombreuses averses dans le secteur ont dû lui fournir assez d’eau), il fait grand honneur au « banana bread » cuit le matin même.

L’avion de l’US Navy, à bout de carburant, doit quitter la zone, et nous informe avant de partir qu’un autre navire est en route pour recueillir le naufragé et le ramener chez lui. Pour notre part, remorquer la barque de 6 mètres sur 30 milles et rentrer de nuit dans un atoll inconnu nous parait un peu trop risqué. Nous nous laissons donc dériver en attendant l’arrivée du « Caroline voyager » quelques heures plus tard. Au moins, nous pouvons maintenant signaler la position précise du naufragé, d’autant que la pluie et la nuit ne tardent pas à tomber.

Il nous faut donc d’ici là trouver à s’occuper, difficile quand on ne peut échanger les moindres paroles. Un dessin nous permet quand même de lui expliquer la suite des événements, puis nous organisons une séance cinéma improvisée dans le carré. Ce seront finalement les clips vidéos téléchargés il y a longtemps en Nouvelle-Calédonie qui plairont le plus à notre naufragé ! Stromae et Paul Wamo se sont trouvés un nouveau fan au milieu du Pacifique !

Vers 21 heures, le « Caroline voyager », petit cargo de 50 mètres, vient s’arrêter à quelques centaines de mètres de Constance et nous envoie sa chaloupe pour récupérer Chachumani et sa barque. Heureusement, le temps reste très calme et le transfert se passe sans encombre. Une fois assurés qu’ils ont bien regagnés le bord, nous reprenons notre cap ver Namonuito. Il nous faudra un peu de temps pour réaliser que nous venons de vivre encore une aventure assez incroyable. Ce n’est pas tous les jours, dans notre 21ème siècle technologique, qu’on récupère des naufragés à la dérive au milieu de l’océan ! Conclusion : bien laisser la VHF allumée, même quand on se croit seuls à des dizaines de milles de toute terre et être humain.

Nous arrivons à Namonuito le lendemain dans l’après-midi, un peu retardés sur notre planning par notre dernière péripétie. Alors que nous hésitons à nous arrêter devant le mouillage qui ne semble pas très abrité, une barque se détache de l’île et vient nous indiquer où jeter l’ancre. Là, le clapot est plus faible, et nous nous réjouissons : un peu de repos après cette traversée finalement pas si banale nous fera le plus grand bien.

2 thoughts on “Pohnpei – Namonuito : Constance recueille un naufragé !

  1. Vouaou vous êtes des héros !! ça c’est du souvenir qui va vous rester longtemps et que vous allez pouvoir raconter!!
    grosses bises

  2. pff. quelle aventure…!! Moi qui suis dans les travaux à la maison, j’ai une vie si banale ^^

    Merci de nous faire rêver!

    Bises bonne continuation!

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