Passer l’équateur, ça se mérite !

Au troisième jour de traversée, nous venons à bout des différentes préparations et conserves, le carré ressemble un peu moins à une poissonnerie. Ca tombe bien puisque le vent tant attendu se lève enfin et nous permet de faire taire le ronron du moteur. En fait, le téléchargement d’un nouveau fichier GRIB nous apprend que non seulement celui-ci va rester bien présent, mais va même se renforcer passablement dans les jours à venir. Le petit phénomène de vents d’ouest est en train de devenir une dépression tropicale en formation, dont le centre se situe à peu près sur Pohnpei, notre destination… Nous réduisons progressivement la voilure au cours de la journée, d’autant que des grains porteurs d’averses et de rafales se mettent à croiser notre route. Nous prenons le troisième ris (réduction de la taille de la grand voile) en début de nuit, et ne le larguerons plus pendant les quatre prochains jours.

A mesure que nous rentrons dans le mauvais temps, les vagues se creusent, le soleil disparait sous une épaisse couche de nuages et les passages de grains se font plus nombreux. Heureusement, le régulateur d’allure (pilote automatique fonctionnant par rapport au vent) maintient le cap pour nous, nous permettant de rester au chaud à l’intérieur, à l’abri de la pluie et des vagues qui ne tardent pas à venir régulièrement terminer leur course sur le pont du bateau. Un petit tour de temps en temps dans le cockpit pour vérifier l’état des voiles et l’absence de bateau à l’horizon suffit souvent à rentrer dégoulinant d’eau douce et salée. Il est loin le temps où on pouvait tranquillement bouquiner, trier des photos sur l’ordinateur ou se lancer dans de grandes recettes de cuisine. Carine adopte la position allongée dans le carré, saladier à portée de main, et ne la quittera pas ou très peu durant les jours à venir.

Au deuxième jour de mauvais temps, nous modifions notre cap et nous dirigeons vers l’île de Kosrae, située plus à l’est, et donc plus éloignée du centre de la dépression. Nous passons les nuits avec seulement la grand voile, et avançons néanmoins à bonne vitesse !

Le passage de l’équateur ne sera donc pas tout à fait à l’image attendue, à savoir glissant doucement à travers le temps calme qui est censé prédominer dans cette zone la majorité de l’année… Nous décidons d’un commun accord de reporter l’ouverture du champagne et des « cadeaux de l’équateur » qui nous ont été confiés au départ.

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Au sixième jour de traversée, la dépression se décide enfin à quitter la zone en direction du nord-ouest (elle évoluera par la suite pour devenir le typhon « Dolphin ») et les conditions s’améliorent doucement. Même si le vent baisse progressivement, nous permettant de renvoyer plus de voilure, la mer reste bien formée et les vagues continuent à passer régulièrement sur le pont, nous empêchant de rouvrir les hublots pour régénérer l’atmosphère renfermée du bord.

La nuit avant notre arrivée, un fou de Bassan vient nous tenir compagnie en s’installant sur la plate-forme arrière, sans doute fatigué lui aussi par ces dernières journées de grand vent.

Heureusement, nous maintenons une bonne vitesse et Kosrae apparait à l’horizon dans la matinée du huitième jour. Nous mouillons finalement en milieu d’après-midi dans la baie bien abritée de Lelu harbour, sous le soleil retrouvé. Un premier tour à terre pour chercher les autorités administratives (douanes, immigration et quarantaine) nous apprend que c’est un jour férié, il nous faudra donc attendre le lendemain pour faire notre entrée officielle dans notre première escale au nord de l’équateur. En attendant, Augustin ramène de son expédition un pot de glace acheté au supermarché du coin, que nous dégustons dans le cockpit. Les vagues et les rafales de ces derniers jours nous paraissent déjà bien loin, mais nous ne sommes pas prêts de les oublier pour autant !

2 thoughts on “Passer l’équateur, ça se mérite !

  1. Bonjour Carine
    Je suis contente d’avoir de tes nouvelles et de suivre tes belles aventures très bien racontées. Il ne s’en passe pas tant rue cardinet 🙂
    C’est un beau voyage, profites en bien
    Gros bisous
    Mana et Christine de passage à Paris

  2. Haha!! même avec un temps un peu pourrit on vous voit avec le sourire! ça fait plaisir! Félicitation pour le passage de l’équateur!

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