Qu’il est difficile de quitter le Vanuatu !

Pourtant, nous étions prêts !
Les cales regorgent de fruits et légumes, le frigo de viande fraiche (merci au marché de Luganville, mieux achalandé que celui de Port Vila).
Les réservoirs de diesel et d’eau potable sont pleins à ras, il nous a même fallu racheter de nombreux jerrycans pour stocker du diesel en plus en vue des longues heures de navigation au moteur qui nous attendent probablement.
Les nouvelles voiles reçues par la poste à Port Vila sont gréées, un génois pour remplacer celui ayant achevé sa longue carrière il y a quelques mois lors d’un bord de près un peu trop serré sur le lagon calédonien, le déchirant définitivement, et une grand voile pour venir relayer celle en place, un peu fatiguée.
Les nouveaux matériels électroniques du marin moderne sont à poste et testés, téléphone satellite pour communiquer et recevoir les fichiers météo par Internet au milieu de nulle part, récepteur AIS permettant d’afficher sur la carte électronique de l’ordinateur la position, cap et vitesse des bateaux commerciaux équipés de l’émetteur correspondant, nouveau pilote automatique attendant les heures de moteur sans vent pour rendre de loyaux services.

Il nous a quand même fallu quelques jours après le départ d’Adeline et François pour boucler tout ça, d’autant que la météo devenue plus que maussade n’est pas d’un grand secours, aussi bien d’un point de vue pratique (l’expédition jusqu’au quai de remplissage des jerrycans de diesel, à 20 minutes du bateau en annexe, sous la pluie et contre vent et vague, était mémorable), que pour le moral (pas évident de se remettre en mode grande traversée après ces supers jours de vacances passés avec de bons potes)…

Mais enfin et surtout, le blog du voyage est maintenant en ligne ! Là encore un peu dans la douleur, mais on y arrive.

Plus rien ne nous retient donc à Luganville, en ce vendredi 17 avril, il est temps pour nous de partir pour la Micronésie (les Etats Fédérés de Micronésie exactement) et l’île de Pohnpei. En effet, les jours avancent et la prochaine échéance serait de retrouver d’autres amis début mai à Pohnpei, après quoi cela ne correspondra plus à leurs dates de vacances.

En fait, plus rien ne nous retient si ce n’est les petits préparatifs et rangements de dernière minute, qui prennent toujours plus de temps que prévu et nous amènent finalement à ne lever l’ancre qu’en début-milieu d’après-midi. Sauf que nous avions oublié qu’il nous faut avant de rejoindre la haute mer remonter le long canal de Luganville, avantageusement orienté dans l’axe du vent ! Avec un seul moteur (oui, le moteur tribord a encore un peu de mal à tourner bien, on ne peut pas être prêt à 100% !) contre le vent et peut-être un peu de courant, la sortie de Luganville s’éternise, et la nuit nous cueille à l’entrée du passage de Scorff, dernière faufilade entre les îles de la baies de Luganville avant d’atteindre le large.

Nous voilà donc de nuit (lune noire bien sûr), bataillant contre le vent avec nos nouvelles voiles pas encore très bien réglées, à nous repérer sur une carte électronique dont nous avons pu constater à l’arrivée sur Luganville qu’elle était bien décalée et donc pas très fiable, et à essuyer plusieurs grains dont la pluie nous brouille le peu de visibilité qui nous restait. Après une petite demi-heure à faire du quasi surplace dans ce fichu passage où le vent s’engouffre, l’idée d’une bonne nuit de sommeil dans un mouillage connu nous pousse à rentrer la queue entre les jambes à Luganville et reprendre notre place devant la plage de l’hôtel Beachfront. Echec pur et simple de départ donc.

Partie remise le lendemain, avec cette fois le courant avec nous, des voiles que nous prenons mieux le temps de régler de jour, et, joie, les deux moteurs actifs pour nous propulser vers la sortie, que nous atteignons cette fois sans encombre. En fait si, ce maudit Scorff nous réserve une dernière surprise, puisqu’au milieu il me faut couper le moteur tribord, alors que le bloc moteur est envahi d’une fumée suspecte. A la sortie du passage, une fois les voiles gonflées dans le vent et les deux moteurs coupés, j’entends l’eau glisser contre la coque, mais aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur ! Effectivement les fonds du bateau trempouillent dans une bonne centaine de litres d’eau de mer ! Heureusement, les premiers décilitres retirés ne se renouvellent pas, nous ne serons donc pas obligés de rebrousser chemin une fois de plus. Je soupçonne fortement une fuite à l’échappement du moteur tribord, expliquant à la fois la fumée et l’eau dans les fonds, mais nous attendrons une mer plus calme pour vérifier tout ça. Pour le moment je passe la matinée avec seau et éponge à assécher les fonds, pendant que Carine enchaine les heures à la barre avant que nous mettions le régulateur d’allure en place.

Santo nous réservait une dernière facétie pour nous retenir encore un peu. En fin d’après-midi, le vent mollit de plus en plus et nous voilà presque encalminés au large de la baie de Port Olry, dire qu’il ne nous avait fallu qu’une heure de voiture pour l’atteindre depuis Luganville il y a quelques jours ! Le moteur bâbord redémarre donc et nous tire pour le début de la nuit en dehors de cette zone de calmes où les vagues continuent à nous brasser en l’absence de vent. La pluie et les grains nous ramènent le vent, et le lendemain nous passons à une bonne petite vitesse au large des Torres, dernières îles au nord de l’archipel.

Tata au Vanuatu, peut-être que la difficulté que nous avons eu à te quitter tient en partie de la conviction que nous avions encore plein de choses à y découvrir !

Augustin

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